L'amour contagieux de deux Vaudois pour le désert.
Au départ, il y a un voyage, avec un désert à traverser. A l'autre bout, aux confins de cette aventure, on découvre un beau livre, Sahara, le royaume des dunes et des rêves. Ses auteurs, le photographe Régis Colombo, et Antoine Blanc, journaliste à 24heures, ont ramené des sables un précieux bagage de lumière.
Sans se brûler les ailes au soleil de l'Algérie, de la Libye, de l'Egypte et du Niger, ces deux Icares ont fait mieux qu'un livre de plus sur le désert, tant de fois raconté. Simple, sans prétention si ce n'est de faire partager une passion, ces deux chercheurs d'émotions ont récolté de précieux instants. Tantôt carnet de route, tantôt conte à dormir à la belle étoile, parfois précis d'histoire ou de géographie, ce livre de vie jamais n'ennuie. Invitation à prendre «des vacances de soi-même», le récit aux inflexions parfois mystiques d'Antoine Blanc recouvre d'un voile léger les plans larges de Régis Colombo. Pour le photographe, qui a déjà réalisé un livre sur les vignobles suisses, «le désert est comme le Léman, il est toujours différent. Le sable reflète le soleil. L'eau le ciel et le sable.»
L'étrange désert blanc
En quête de terres méconnues, les deux compères se sont aventurés dans Sahra al-Beïda, le mythique désert blanc. Située à quelques centaines de kilomètres du Caire, cette contrée calcaire a rarement été explorée par l'oeil du photographe. Au clair de lune ou plein midi, Régis Colombo rend toute la majesté de ce paysage fantomatique, peuplé d'étranges statues de gypse blanches. Attentifs à la nature comme aux hommes, les deux routards pénètrent avec délicatesse dans la tente du Touareg. Eclats d'yeux, reflets de feu de camp, le désert s'apprivoise. Mais point d'idéalisme béat dans cette route qui croise aussi celle des clandestins d'Agadez et qui se perd dans la moribonde Tamanrasset.
Avec ses doubles pages photos suivies de courtes histoires illustrées, le livre a trouvé son rythme. L'adéquation entre le texte et l'image témoigne aussi d'une réelle complicité entre les auteurs. Pour les amoureux du Sahara, ce livre aura les accents d'une certitude: le désert est «l'endroit de toutes les cristallisations (celles des sentiments) et de toutes les condensations (celles des destins).» Pour les novices, il pourrait bien agir comme un déclencheur: «Pars à un moment qui ne te convient pas, quand tu arriveras, le moment te plaira.»
Emission TV Suisse - photos de Famille - Sahara VIDEO TV ici
+ Magazine Cooperation
Dans l'oeil du Sahara
Le photographe Régis Colombo a capturé les nuances du Sahara dans un très beau livre. Evasion dans le sable et la lumière.
Par Alain Wey
Le plus inattendu dans le désert (...) c'est la présence illogique des humains», note Albert Jacquard dans la préface du livre Sahara, le royaume des dunes et des rêves. Le photographe Régis Colombo et la plume d'Antoine Blanc nous invitent à un voyage dans le sud de l'Algérie sur la route des Tassilis, dans le Fezzan de Libye, le désert blanc d'Egypte puis les sables infinis du Ténéré au Niger. Une aventure de mille et un paysages et de vide, de Touareg, de caravanes et de cités perdues sous l'objectif intime d'un passionné du voyage. «Chaque région du Sahara est différente, nous dit Régis Colombo, 35 ans. Le désert blanc, par exemple, se distingue de tous les autres.»
En bordure du désert Libyque, près de l'oasis de Farafra, ce surprenant labyrinthe de rochers blancs qui se noient dans le sable roux du Sahara. Le photographe, connu pour ses paysages aux lumières particulières, a voyagé en Algérie dès 2000, six mois plus tard en Libye et au début de 2004 en Egypte puis au Niger.«Le sud de l'Algérie a vraiment été une découverte: ce désert est un des plus beaux et variés du Sahara.» Des forêts de roches dévorées par les sables brûlant défient le ciel. Des pitons et des châteaux de pierre annoncent le Hoggar, massif d'origine volcanique qui culmine à près de 3000 mètres. «Dans le Sahara, les couleurs sont faussées par le soleil, explique Régis Colombo. La lumière est bonne les cinq premières minutes du lever du soleil et les cinq dernières du coucher. »Les jeux de lumière y sont multiples et vont colorer le sable différemment. Le reste de la journée, la lumière devient si intense et aveuglante qu'elle aplatit tout et écrase le relief.» Le photographe a souvent travaillé en angles panoramiques, ce qui donne une dimension cinématographique à ses clichés qui souvent ressemblent à des peintures. Au fil des pages, la beauté mystique des étendues de sable étreint l'imagination. Vous avez dit mirage?
www.diapo.ch
«Le Sahara, c'est Dieu sans les hommes...»
- «Dieu a créé des pays pleins d'eau pour que les hommes y vivent et des déserts pour qu'ils y découvrent leur âme.»
- «Chacun a son désert à traverser. Il est tout à la fois le premier jour du monde et l'éternité de l'homme. Ici, rien n'a changé. Aujourd'hui, c'est comme il y a deux mille ans, et demain sera encore comme aujourd'hui.»
- «Si loin que nous portent nos pas, ils nous ramènent toujours à nous- mêmes.»
- «Celui qui ne connaît pas le silence du désert, dit un proverbe touareg, ne sait pas ce qu'est le silence.»
- «Apprends à écrire tes blessures dans le sable et à graver tes joies dans la pierre.»
- Citations tirées de Sahara, Le royaume des dunes et des sables, textes d'Antoine Blanc, photographies de Régis Colombo, préface d'Albert Jaquard, Editions Favre.